III) A-t-on des devoirs envers la nature ?

Publié le par Mme Lucas

III) A-t-on des devoirs envers la nature ?

III. NOUS DEVONS RESPECTER LA NATURE AU NOM MEME DE NOTRE INTERET

  1. Devoir catégoriques ou hypothétiques envers la nature ? le conflit Muir/Pinchot
  • http://www.scilogs.fr/ecoblog/lhomme-t-il-des-obligations-morales-envers-la-nature/

Pour un américain, la question de la place de l’homme dans la nature et ses différents usages est une question morale car elle coïncide avec l’histoire même de l’identité américaine. Les premières mesures de protection font leur entrée avec la création du parc national du Yellowstone en 1872.

Le déat Pinchot/Muir

Deux hommes joueront les rôles de chefs de file d’une réflexion éthique sur la nature et sa protection:

  • L’un pense que la nature doit être protégée pour elle-même, l’autre pense que la nature doit être protégée pour ce que l’humain peut en faire.

Le premier, est John Muir. Il apparaît comme le grand défenseur des premières mesures de protection. Son approche est celle de l’engagement, du militant, en quête de moyens concrets pour protéger la nature sauvage ou « wilderness » menacée de destruction.

  • Le forestier Gifford Pinchot, en revanche, restera dans l’histoire comme l’initiateur et le défenseur d’une gestion rationnelle de la nature, perçue comme une réserve de ressources à exploiter convenablement. Pour Pinchot, la protection de la nature se justifie par rapport aux bénéfices sociaux que cette protection assure.

LE CONFLIT : L’affrontement des deux hommes, et donc, des deux positions n’est pas encore terminé. Il atteindra son apogée sur la question de la construction du barrage de la vallée de Hetch Hetchy dans le parc national du Yosemite qui devait alimenter en eau la ville de San Francisco.

  • Une fois de plus, pour Pinchot, le barrage est justifié car il satisfait nettement plus de gens en tant que générateur de bénéfice.
  • Pour Muir, le bénéfice des gens ne peut constituer une justification et il propose des mesures très concrètes d’évitement, pour protéger la vallée coûte que coûte au motif de sa beauté.

Le président Théodore Roosevelt lui-même se trouve coincé. Politiquement, le barrage s’impose mais Roosvelt ami de Muir et sensible à ses arguments, peine à admettre sa construction.

La controverse devient nationale, la presse populaire critique massivement le projet. Pour Muir, être en faveur du barrage ne peut correspondre qu’à l’expression d’une logique capitaliste prédatrice et injustifiable. Mais malgré son soutien de la presse, les arguments spirituels de Muir perdent devant la force de persuasion politique du rationalisme de Pinchot. Les arguments de Pinchot, froids, scientifiques, allient progrès technique, gain de temps, attraction touristique et création d’emplois.

La construction du barrage est voté au grand désespoir de Muir.

Cette histoire est paradigmatique d’une tension essentielle encore actuelle.

EN BREF :

Le débat entre Muir et Pinchot illustre bien les deux types d'impératifs que nous avons vus en I) du cours.

  • Muir identifie la nature comme étant l'objet d'une morale catégorique (il faut la respecter, sans aucune condition).
  • Pinchot lui, considère bien qu'il y a des devoirs envers la nature, mais pas au sens fort du terme, comme E. Kant l'a expliqué (est un devoir moral celui qui s'impose à moi de façon catégorique). Il n'y a pour lui d'impératif qu'hypothétique envers la nature : je la respecte et la protège - sauf si je peux tirer quelques bénéfices de son exploitation.

B/ Vers une morale utilitariste ?

La position de Pinchot mène à penser qu'est permis ou moral ce qui est utile.

On arrive alors à une tout autre conception de la morale que celle de Kant.

Est jugé alors moral ce qui est bénéfique au bien-être de la majorité. Un acte est jugé moral s'il a des conséquences sur le bien-être du plus grand nombre. On parle alors de morale utilitariste.

Conclusion

Même une morale utilitariste peut en venir à l'idée que nous avons des devoirs envers la nature. Mais alors il faut avoir le courage de ne pas chercher son propre intérêt, ni celui de la communauté à laquelle nous appartenons (ce qui est trop souvent le cas, les intérêts étatiques freinant la protection nécessaire de la nature), ni celui des hommes et femmes d'aujourd'hui.

Il faut élargir cet utilitarisme à l'humanité toute entière, et en particulier à l'humanité future. Alors les devoirs que nous identifierons envers la nature, qu'ils soient catégoriques (Kant) ou utilitaristes, seront au service de la relation de l'homme à la nature.

Publié dans Devoir-Nature

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